Laure déroule son patron, un dessin finement tracé, acéré dans les limites de ce qu'elle s'est fixée. Ce travail avec le verre Tiffany se déploie de plus en plus, dans les formes et les rayonnements, comme la lumière qui le transperce. Ces pièces en verre se déploient à l'envie.
Le dessin préalable est implacable. Les formes se font suite logique sur ce patron en papier, comme la couturière, c'est logique et technique.
La découpe du verre sonne d'un bruit sec, la meuleuse peaufine des tranches coupantes, un puzzle de formes plates se compose, assez logiquement, assez froidement. Le plomb chauffe, et vient s'engouffrer dans les interstices techniques. Le patron du dessin premier est recouvert par les petites facettes de verre, anciennement connues pour leurs abat-jours éclatants.
L'ensemble est ainsi acéré, refroidi et ne fait qu'un. D'un geste vif et assuré, Laure Forêt lève sa composition et la lumière s'engouffre. L'éclat embrasse nos yeux, la lumière vibre. La composition n'est qu'une, vibrante et vivante.
Laure Forêt dans ses compositions roses à la douceur préraphaélite ou dans ses verts sapins, donne une présence discrète, se joue de nos yeux, se joue de nous. Ce sont des objets insaisissables, signes de l'élégance du Monde.
Mathias Courtet, pour le catalogue de l'exposition Larguer les amarres, Centre d’art la Chapelle des Calvairiennes, 2019